Je n’ai pas de parent. Je suis orpheline. Voilà ce que je sors le plus souvent, ce que je me persuade, j’essaye de me convaincre que c’est la vérité même si ce n’est que mensonge. N’empêche, j’aurai tellement aimée que ce soit vrai. Je suis née dans un petit coin perdu de l’Australie, issu d’une famille modeste, ma famille à tout de la famille modèle. Il suffit de regarder les photos de familles pour vous donner l’impression qu’on est heureux, alors que nos sourires ne cachent que de la tristesse ou du sadisme…

« Au nom du papa, du .. » , alors qu’un petit garçon pas plus haut que trois pommes se lançait dans un laïus religieux, une petite fille de son âge ricana en levant les yeux au ciel. « Mais non, t’es bête ou quoi ! C’est au nom du père.. Ils ont dit ça au mariage de ma cousine ! » Dis la fille fière de savoir une telle chose. Elle afficha un sourire béat, bougeant dans tous les sens et soulevant la robe blanche trop grande pour elle. Elle avait chipé la magnifique robe dans la garde-robe de sa maman, en douce, et elle prenait soin de ne pas la salir pour pas qu’on se rend compte du délit. Le garçon qui jouait le rôle du prêtre, rougit de ne pas savoir ça et de se faire corriger par la petite fille. Il s’éclaircit la gorge et recommença son discours. La petite fille brune, Lolita, avança vers le prêtre pour rejoindre son cher et tendre. Elle prit la main du deuxième petit garçon, un sourire se dessina sur ses fines lèvres rosées. Elle sautilla, amusé par la situation, c’était comme si c’était elle à la place de sa cousine, cette fois, c’était elle la princesse. « Heu et après on dit quoi ? » dis le petit prêtre confus. « Là tu dis " vous pouvez embrasser la mariée "». Une mine de dégoût se dessina sur les lèvres de ces enfants dont l’image de leurs parents s’embrassant goulûment leur revint en tête. « Heu on est vraiment obligé ? S..sur la bouche ? ». La petite fille joyeuse se précipita sur le jeune mariée pour lui poser un doux baisé sur sa joue gauche. « Ça me suffira. » dit-elle, les yeux pétillants. Le garçon rougit, « Dit Lolita, c’est quand que l'on se mariera, pour de vrai ? » La petite fille haussa les épaules « Je ne sais pas, quand on sera grand..je crois.. », le petit garçon sourit, il l’aimais bien même si il ignorait encore la signification du verbe aimer. Les trois joyeux lurons, se débarrassèrent de leur déguisement et une fois tout bien remis à sa place, ils décidèrent de jouer à un de leur jeu favori, touche-touche. Lolita la plus maligne des trois, fit mine qu’elle n’avait pas envie de jouer, elle se leva, baissa la tête en cachant son large sourire enfantin. « 3,2,1 Vous ne m’aurez pas ! » dit-elle courant au sens du vent, rigolant à pleins poumons. Elle respirait l’air frais, le bonheur. Quand elle était avec eux, c’est comme si le temps s’arrêtait, elle pouvait être enfin heureuse, rire, sourire. Cela lui changeait de la maison où tout était gris. Lolita courait aussi vite qu’elle pouvait comme si elle voulait fuir quelque chose, s’échapper de sa prison familiale. Alors que la victoire de Lolita pointait le bout de son nez, un obstacle vint gêner Lolita dans sa course, un arbre. Elle s’arrêta avant de le contourner, mais le garçon le plus brutal prit de l’avança et vint cogner sauvagement la petite brunette « TOUchéééééé !! » beugla-t-il comme si il venait de gagner le trophée de sa vie. La petite fille s’écorcha le genou, alors qu’elle vit le sang jaillir de son genou et la saleté se répandre sur ses vêtements, les larmes commencèrent à couler, pas de mal non..de peur. « Il n’y a que les faibles qui pleurent » dit-elle lentement, répétant mot pour mot les paroles de son père. Lolita se mit à trembler, elle enfuit son visage de poupée contre ses mains. La petite fille se mit à courir, cette fois pour fuir. Elle ne regarda pas derrière elle, ne vit pas le visage étonnée de ses 2 compagnons, elle ne savait même pas où elle allait. Les heures passèrent et même si elle avait fait tout ce qu’elle pouvait Lolita n’avait pas su soigner sa blessure, ni nettoyer les tâches sur ses vêtements à l’aide de l’eau de la rivière. Alors elle se décida à rentrer chez elle, les yeux rouges. Elle savait qu’en passant la porte du perron, elle faisait une grave erreur. Les mains tremblant, elle frappa à la petite maisonnette devinant déjà son destin. Demain, ainsi que les jours qui suivront, elle n’ira pas à l’école. Motif ? Oh ces parents avec toute l’imagination trouveront bien quelque chose, grippe, varicelle,.. Là sur ce coup elle leur faisait confiance. La porte s’ouvrit, son destin était tout tracé. En une seconde la petite fille se trouva parterre encaissant les coups de son père pendant des minutes qui lui paraissaient des heures tellement le supplice était infernale.

***

« Excuse-moi t’aurai pas une clope ? » Une dizaine d’années plus tard.. Lolita allait sur ses 17 ans et elle était loin d’être la petite fille fragile d’avant, du moins en apparence. Les épreuves avaient fait d’elle une battante, une femme forte. Elle était déterminée à réussir même si pour l’instant elle était loin de la réussite mais au moins elle avait sa liberté.

Après plusieurs années de souffrance et de coups endurés, les professeurs de la jeune fille ont fini par se rendre compte que Lolita était une enfant maltraitée. La jeune fille fut placée dans une famille d’accueil, une famille où tous ce qui les intéressait c’était l’argent alors Lolita a fui ne supportant pas ce manque d’affection, elle préférait de loin sa liberté. Après plusieurs fugues et rappel à l’ordre, Lolita fut ballotté dans plusieurs familles d’accueil mais ne trouva pas son compte. Elle voulait la famille idéale et elle continuait de sa plaindre, d’être un enfant récalcitrant pour qu’on la change encore et encore de famille. A 14 ans, la jeune ado trouva sa famille qu’elle pensait idéal. Ils lui montra pleins d’affections, fit d’elle leur enfant, un véritable membre de la famille. Pour la première fois Lolita avait l’impression d’être aimé. Deux ans de bonheur. Jusqu’au jour où tout dérapa. La jeune adolescente, sans doute en pleine crise, se montrait de jour en jour de plus en plus désagréable et désinvolte à tel point que ses parents devaient resserrer la vis. Interdiction de sortir, de regarder la télé, etc.. Bref Lolita se sentit étouffé, elle avait l’impression de vivre dans une prison, elle ne pouvait rien faire comme quand elle était petite. Pour Lolita ce n’était pas possible, un soir elle fit le mur, une fois rentré, une violente dispute s’ensuivit. Lolita envoya ses parents boulés qui répondit par un « Nous sommes tes parents, tu n’as pas à nous traiter de la sorte. On ne t’a pas appris le respect ?» , la jeune femme, rebelle, lâcha un « Non vu qu’on ne m’a jamais respecté et puis vous n’êtes pas mes parents, vous ne l’avez jamais été ! " cria Lolita, l’homme de la maison offusqué et pour remettre les idées en place de Lolita lui balança une gifle en pleine figure. Les mains tremblantes, la joue rouge, les yeux humidifiés, Lolita s’en alla de peur, de honte. Jamais elle aurait cru qu’il puisse lever la main sur elle, jamais on ne l’avais frappé depuis son départ de chez son vrai père. Suite à cette gifle, tout lui revint, les coups que lui donnaient son père, les insultes, les humiliations. Lolita décida de fuguer et pour de bon cette fois, elle refusait de revenir ou même d’être replacer dans une autre famille d’accueil. Lolita devint indépendante à 16 ans, SDF, elle changeait tous les jours de logement, une fois chez un ami, chez un inconnu, dans un logement social ou même dans la rue. Pour vivre, elle chantait dans un bar avec sa guitare, une de ses passions. Cela ne lui rapportait pas grand-chose mais au moins elle faisait quelque chose qu’elle aimait. Ensuite elle se mit à voler quand elle avait un grand besoin d’argent, voler était devenu un instinct de survie.

Prenons l’exemple du garçon à qui elle grattait une clope, ok elle avait une grande envie de nicotine mais c’était surtout une stratégie pour voler le portable du jeune homme ni vu ni connu. Alors que le jeune homme farfouillait dans sa poche droite pour chercher l’objet demandé, la jeune femme tendit ses doigts de fée vers la poche gauche pour prendre l’objet qu’elle convoitait. Le garçon, qui ne c’était rendu compte de rien, lui passa la cigarette. Elle lui sourit « Merci ! » et s’en alla. Lolita longea la rue, quand tout d’un coup, elle sentit une main sur son épaule. L’inconnu c’était-il rendu compte du vol? Elle se retourna et aperçu, un sourire sadique au lèvre, quelqu’un qu’elle connaissait bien..malheureusement. « Oh merde » lâcha-t-elle comme un juron. « Et oui Lolita, pris la main dans le sac, la prochaine fois soit plus discrète et évite de faire ça à côté d’une voiture de police » ironisa l’homme habillé en officier de police. Lolita leva les yeux aux ciel et tendit les mains, attendant les menottes. Entre les deux, c’était devenu un jeu, un espèce de ‘attrape moi si tu peux’, ils se charriaient, mais en même temps, ils s’appréciaient. Le flic avait à maintes reprises aidés Lolita, il lui faisait souvent la moral même si cela ne marchait guère alors il était obligé de l’arrêter comme punition mais Lolita n'avait toujours pas l'air de comprendre. Il l’emmena dans la voiture de police, et comme à son habitude, pendant le trajet, Lolita s’endormit, trouvant la banquette de la voiture très confortable. La brunette dans un sommeil profond, n'entendit pas le vent que provoquait la tempête tapé contre la vitre.