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Sept heures, j'étais aux fourneaux depuis presque une heure. D'habitude à cette heure-ci, si je ne travaille pas je suis encore au lit mais aujourd'hui c'était un jour spécial. Je sortais les gâteaux encore tous chauds du four avant de les placer dans une assiette sur un plateau. Embarquant le plateau avec moi, je l'emmenais jusqu'à la chambre, notre chambre pour être exacte, puisque cela faisait trois mois qu'on habitait ensembles et aujourd'hui ça faisait six mois qu'on était ensembles. Six mois que je sortais avec Henry, le pompier qui m'avait sauvé la vie. Un coup de foudre si on peut dire. Depuis que l'on sortait ensembles, on ne se quittait plus. En trois petits mois on avait décidé d'emménager ensembles, certains de nos proches nous avaient traité de dingues mais qu'importe. Il n'y a pas un certain délai à respecter avant d'emménager avec quelqu'un.
« Coucou mon coeur... » Avais-je déclaré tout en posant mes lèvres dans le creux des siennes. Cela pouvait paraitre méchant de le réveiller de si bonne heure, mais lui contrairement à moi, travaillait.
« Coucou la plus belle, hmm ça sent bon. » « J'ai fais tes gateaux préférés, comme ça tu seras en forme pour aller travailler. » « Tu es adorable, tu sais que je t'aime? » « Je ne me lasse pas de te l'entendre dire. Bon apétit mon coeur, et joyeux anniversaire... » Six mois, c'est peu, pourtant, une partie de moi était persuadée que c'était le bon, celui qui me comblerait de bonheur tout au long de ma vie...
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« Abi » Je me tournais vers mon ami brancardier.
« Oui? » « Ton copain est aux urgences, il y a une intervention qui a très mal tournée, d'après ce que j'ai compris il.... » J'en avais entendu assez, je n'avais pas besoin qu'il m'en dise plus, il fallait que je me rende au plus vite aux urgences. Après avoir prévenue ma collègue que je m'absentais, je courrais vers les ascenceurs, appuyant comme une dingue sur le bouton. Pourquoi il mettait tant de temps? Lorsqu'on est pressé il met toujours trois heures pour arriver. Heureusement, en moins de cinq minutes je me retrouvais aux urgences, j'avais une ancienne collègue qui travaillait ici, et elle m'indiqua le box où je pouvais trouver celui que j'aimais depuis deux ans maintenant. Je me jetais alors sur lui pour l'embrasser sur le front. J'ai toujours trouvé qu'il faisait un métier fantastique, c'était grâce à son métier que l'on s'était rencontré, mais je ne pouvais pas m'empêcher de toujours m'inquiéter pour lui. J'avais toujours peur qu'un jour ou l'autre les choses tournent mal, et aujourd'hui, ça avait été le cas. Il avait l'air d'aller bien, certes il était blessé, il avait certainement inhalé de la fumée, mais il était conscient et c'était déjà ça...
« Ne me fais plus une peur pareille... » Il est tout pour moi et je ne me vois pas vivre ma vie sans lui à mes cotés, car c'est lui l'homme de ma vie, celui avec qui je veux vieillir...
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Je fermais tant bien que mal ma valise, j'avais laissé beaucoup d'affaires, mais tant pis, il fallait que je parte au plus vite.
« Où vas-tu? » Me demanda Henry.
« Je suis tombée amoureuse d'un homme charmant et prêt à tout pour sauver la vie d'une inconnue, pas d'un drogué qui déverse sa colère sur le premier venu. » Depuis cet accident il avait totalement changé, je ne le reconnaissait plus. Plus les semaines passaient et plus c'était pire. Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps.
« Où tu veux en venir? » « Je ne veux plus de cette vie Henry. Je pense mériter mieux, alors pour répondre à ta première question, je vais chercher mieux. Même si du fond de mon coeur, j'espère te retrouver au bout du chemin que je vais entamer. » Jamais il ne m'avait frapper, mais je devais avouer qu'il me faisait peur. Il fallait que les choses changent, qu'il se bouge. Je l'embrassais une dernière fois au coin des lèvres avant de quitter notre appartement. Je fermais la porte après mon passage. Les larmes que j'avais eu tant de mal à retenir tombèrent le long de mes joues. J'avais l'impression qu'on m'enfonçait un poignard en plein coeur. C'était moi qui venait de rompre, mais ça n'empêchait pas le fait que je l'aimais, je l'aimais plus que tout, mais ça ne pouvait plus continuer comme ça, le Henry que j'avais connu, celui dont j'étais tombée amoureuse n'était plus là. Et si le fait que je parte lui permettrait de se bouger et d'intégrer un centre de désintoxication, alors c'est ce que je devais faire, même si ça me brisait le coeur.
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« Aller, viens Abi... » Cela faisait dix minutes que mon amie essayait de me convaincre de l'accompagner au cinéma, mais moi je n'en avais aucune envie.
« J'ai pas le temps, ce soir j'ai un rendez-vous... » « Tu vois ton super beau-goss de riche? » « Arrête de l'appeler comme ça... » J'en étais à mon troisième rendez-vous avec un homme des plus charmants. A notre premier rendez-vous il m'avait emmené dans un des plus luxueux restaurant de la capitale australienne et du coup ma copine n'arrêtait pas de souligner le fait qu'il était riche. Depuis Henry je n'avais pas réussi à fréquenter d'autres hommes, tout simplement parce que je pensais encore beaucoup à mon ex, mais avec lui, Nathanaël, le courant avait l'air de bien passer.
« Aller viens au cinéma avec moi, on prend la séance d'avant comme ça après tu vas voir ton super beau-goss » Ahhhhh elle m'énervait, d'un coté elle avait raison d'insister, car je finissais toujours par craquer.
« Bon d'accord... » Je venais de faire une grave erreur mais sur le moment je l'ignorais.
« Tu vas voir il y a un acteur trop magnifique dedans... » Chuchota mon amie à mon oreille. Je ne vais pas voir un film car un acteur est beau, mais bien pour l'histoire du film, mais bon voir de beaux garçons ça ne fait pas de mal.
« Regarde Abi, c'est lui ! Il est pas mal hein? » Je n'arrivais pas à y croire, Henry, c'était Henry qui jouait dans ce film. Plus de deux ans que j'étais partie, que j'essayais tant bien que mal à l'oublier, et maintenant que je pensais l'avoir oublier, je le voyais dans ce film, et tous nos souvenirs, bons ou mauvais, me revenaient à l'esprit... J'avais quitté Sydney pour changer d'air, réussir à l'oublier et voilà qu'il était à l'écran du cinéma.
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« Abigaëlle Isobel Littleton, Veux-tu devenir ma femme? » Avait déclaré Nathanaël avec une magnifique bague entre les mains, une bague qui pourrait me faire couler au fond de l'eau, tellement qu'elle était grosse. Nous fêtions nos deux ans de couple, jamais je n'aurais pensé qu'il me demanderait en mariage pourtant Nathanaël venait de le faire. Je me sentais bien avec lui, il me rendait heureuse. La seule chose que je pouvais lui reprocher c'était son travail, il était devenu directeur d'une grande marque suite au départ à la retraite de son père. Malgré ses voyages à répétition, je ne doutais pas de l'amour qu'il me portait. Alors c'est tout simplement que j'ai répondu :
« Oui. Oui oui oui !» Se marier au bout de deux ans, ça peut-être peu pour certains, mais j'en avais envie, il fallait que j'avance et que j'arrête de ressasser le passé.
« J'aimerais qu'on parte emmenager à Sydney. » M'avait-il déclaré peu de temps après. Sydney... Cette ville que j'avais quitté il y a presque cinq ans. J'ai toujours aimé cette ville, après tout, c'est là-bas où j'étais née, où j'avais vécu pendant de longues années, cette ville était pleine de bons souvenirs, mais également de mauvais. Sydney me faisait penser à ma défunte mère et de Henry, même si je le niais.
« Je veux qu'on fonde une famille, je j'ai hâte que tu deviennes ma femme... » Je souriais, moi aussi j'avais envie d'avancer, je me plaisais bien à Camberra, mais il fallait que j'avance, et si il voulait qu'on habite à Sydney alors j'irais...
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« Nate, parles moi. » Encore vêtue de ma robe de mariée j'essayais de calmer mon futur mari. A l'heure actuelle on devrait être marié, et au lieu de ça, on se prenait la tête, chose qui nous arrivait rarement.
« Mais pour qui il se prend? C'est toi qui l'a invité? » Jamais je n'aurais eu l'idée d'inviter mon ex-copain à mon mariage, surtout que je n'avais pas eu de contact avec lui depuis des années, en fait on ne s'était pas vu, ni parlé depuis la tempête qui s'était abattue en 2012. Ca me faisait de la peine qu'il me pense être capable d'une chose pareille.
« Devant tout le monde tu imagines? Devant mes parents... Ce qu'il t'a dit, tu t'en fiches n'est-ce-pas? » Je ne savais pas quoi répondre, ma bouche était restée entrouverte mais aucun son n'était sorti. Ce qu'Henry avait dit était magnifique, n'importe qu'elle femme aurait aimé entendre ça de la bouche d'un homme qu'on aime.
« Chéri c'est toi que j'aime... » Mes paroles n'avaient pas l'air de le rassurer plus que ça.
« On annule tout, on reporte le mariage... » Ca devait-être le plus beau jour de ma vie et tout avait été gâché par l'intervention de Henry...
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Je me rendais chez Henry, il fallait que je le vois pour obtenir des explications. Lorsqu'il ouvrit la porte, il m'enlaça, j'en étais tellement surprise que je n'ai même pas essayé de le repousser et de lui crier dessus.
« Oh mon dieu! Abigaëlle, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose. » Il ne tarda pas à ajouter :
« Je vis une journée de dingue, je ne sais pas ce qui m'arrive... » « Moi non plus... » Dire que tout ce qui m'arrivait était entièrement de sa faute.
« Ah mais si, je sais ce qui m'arrive, je suis sur le point de me faire larguer par mon fiancé parce que je n'ai pas été capable de lui dire que ce que tu as fait ne m'a pas touché. » « Ce que j'ai fait? » Il se fichait de moi là? Je suis très patiente dans mon travail, mais dans la vie de tous les jours c'est loin d'être le cas.
« Ne joues pas les imbéciles, quoi que ça te va à merveille vu que tu en es un! Mais qu'est-ce qui t'a pris de débarquer à mon mariage? Ca se fait peut-être dans les films dans lesquels tu joues, mais dans la réalité, tu ne peux pas te lever un matin et décider que tu vas ruiner le plus beau jour de ma vie. » « Ca l'était vraiment? ... Le plus beau jour de ta vie. » Cette question était assez indiscréte, mais je devais répondre sinon il allait me casser les bonbons.
« J'allais épouser l'homme de ma vie, donc oui. » « Sans prétention et si c'était bien l'homme de ta vie que tu voulais épouser, alors je pense que tu t'es trompée d'homme. » Il était vraiment gonflé de me sortir ça, certes à une époque c'était lui que j'aurais voulu épouser, mais maintenant cinq ans c'était écouler et il n'avait pas le droit d'oser prétendre que je me trompais.
« Tu n'es qu'un enfoiré! » Avais-je crié avant de partir, mais pour qui il se prenait?
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