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Avant l'âge de 16ans, on ne peut pas dire que ma vie est été marquante, j'étais une orpheline lambda qui n'a pas réussi à rejoindre un foyer, grandir sans famille n'est pas si horrible que cela, après tout, quand je vois les foyers dans lesquels j'ai débarqué, j'étais plutôt satisfaite de n'y rester que quelques jours. Après tout, lorsque personne ne vous aime assez pour vous gardez, vous n'avez pas besoin d'aimer en retour et vous n'avez donc rien à perdre. « pourquoi souhaitez vous cette émancipation ? » Ce pré-entretien psy pour définir si j'étais capable ou non de vivre seule me faisait doucement rire. Avec l'un de mes plus beaux sourires, je regardais l'homme en souriant : « je m'occupe de moi depuis que je suis née, je n'ai jamais compté sur personne. Vous avez déjà visiter un orphelinat ? Car si c'est le cas, vous comprendrez totalement pourquoi je souhaite le quitter. »
« hey regarde ce que j'ai trouvé. » me lançais Luke de façon nonchalante. Ce qu'il était en train de diviser sur la table n'était pas de la farine, j'avais beaucoup d'amis qui en prenait mais jamais je ne m'étais imaginé en prendre à mon tour. Je me laissais malgré tout tentée par. Le soucis c'est qu'une fois que l'on a commencé, il n'y a plus de vie possible sans drogues. C'est une existence dégueulasse d’esclavage qui débute dont la mort est la seule issue. Ce jour là, lorsque ses mots sortirent de ma bouche : « génial ! » je signais mon arrêt de mort sans même en avoir conscience. Et pourtant, avec Luka à mes côtés, j'y retournais volontiers chaque soir, chaque nuit nous nous enfoncions un peu plus dans la pénombre et malgré les mises en gardes de Vicky, plus pragmatique que nous l'étions. Au départ, tout se rapprochait de la perfection, avec ce sentiment de ravissement intense, comme si l'on pouvait voler, plus rien ne pouvait nous arrêter. Et puis le rêve s'avère n'être qu’éphémère. Ce monde que nous avions construit grâce à la drogue nous donnait cette terrible impression de suffoquer, comme si cette cage dorée se refermait sur nous. Moi, de nature souriante devenait un peu plus irritable à chaque prise, nos simples accrochages se transformaient en disputes atroces. Plus ma dépendance à la drogue se développait plus mes sentiments pour le beau Luka s'amplifiaient.
« oh me regarde pas comme ça. » Je regardais ma meilleure amie en souriant. « j'aime pas quand tu te drogues. » Ma main effleura doucement mon nez afin d'effacer toutes traces de mon crime. « c'est pas de la drogue, c'est ne la coke ! » Je prenais la main de celle que je considérais comme ma propre sœur avant de l'entrainer sur la piste de danse. Collé serré avec un ou deux types dont je ne savais rien, Vicky me lançait ce regard réprobateur alors que Luka frappa l'homme en plein visage. Je ne l'avais même pas vu arriver, il n'était pas de nature violente pourtant, mais depuis quelques mois, il avait tendance à se montrer plus agressif. Un rire strident s'échappa de ma bouche avant que j'attrape mes deux compères par la main pour quitter cet endroit. une fois dehors, j'avais du mal à reprendre mon souffle, ma respiration saccadé m'obligeait à ralentir. Je sorti alors des pilules de mon sac. « qui veut un smarties ? » Luka l'avala volontiers alors que Vic' refusa, prétextant qu'elle était déjà dans un état second et qu'elle ne pouvait rien ingurgité de plus sans vomir. Le mien entra dans mon corps en laissant une sensation amère. Tout était amplifié, les sons, les couleurs des lumières, mon envie de faire l'amour avec mon petit ami. Je m'approchais de lui pour l'embrasser à pleine bouche. Je me sentis alors faiblir, comme si mes jambes ne me tenaient plus. « whao ! On est où là ? » Je ne reconnaissais rien autour, les immeubles devenaient flou et le visage des deux personnes les plus proches de moi me semblaient inconnus. « j'ai froid. » Luka s'approcha de moi et je le repoussai violemment. « t'approches pas ! t'approches pas de moi. » Il me regardait, terrifié par la pâleur qui venait rendre mon visage affreux. Perturbé par mon rejet, il ne savais plus comment réagir alors qu'il avait autrefois toujours les bons gestes pour me rassurer. Déboussolée, dans ma tête des tonnes de sentiments confus se mélangeaient pour ne laisser place qu'à une chose : la paranoïa. Cette phase fut de courte durée puisque je sombrais rapidement dans l'inconscience. « OLIVIAA ! »
Quelques minutes plus tard et mon coeur s’arrêtait de battre. Cette overdose avait failli me faire succomber. Allongée dans mon lit d’hôpital, les yeux fermés, au loin je reconnaissais des voix murmurer : « la prochaine fois, elle ne sera peut être pas aussi chanceuse, ou se sera toi Luka, j'en peux plus de vous voir vous détruire comme ça. » il n'osait même pas regarder sa soeur « je sais. » seulement pour me protéger, nous devions nous séparer, et ça aucun de nous ne pouvait s'y résoudre, en tout cas, j'en étais incapable. Les médecins cherchèrent des membres de ma famille, quelqu'un a appelé, le fait était que ma famille, c'était Luka et Vicky. Ils étaient les seuls qui avaient réussi à intégrer mon cœur, à qui j'avais su faire confiance. C'est ce jour là que la tempête eut lieu. C'est ce jour là que je l'ai vu pour la dernière fois. Mon monde s'écroulait, vivre sans lui n'avait plus de réel sens, j'étais trop lâche pour attenter à ma vie alors je me contentais de pleurer chaque jours toutes les larmes de mon corps. Et puis la douleur cesse, laissant une cicatrice immuable dont jamais je ne saurais me remettre, mais on oubli, on essaye en tout cas.
Parfois, tout ce dont on a besoin, c'est une main tendue afin de s'en sortir. J'avais suivi une cure de désintoxication durant une longue année à la suite de mon overdose. L'année la plus longue de ma vie, combattre la "maladie" et le deuil au même moment, c'était pas franchement évident. La seule obligation était de suivre ses réunions NA, le truc pour les drogués. Vous savez genre "bonjour, je m'appelle Olivia et j'ai pas pris de drogue depuis maintenant 372jours !". « salut, moi c'est Wade » je fronçais les sourcils et lui serrais la main en guise d'ouverture. Enchantée n'aurait pas été le mort, rencontré un ancien drogué était surement la dernière chose dont j'avais besoin actuellement. « On vous dérange ? si vous avez tant de choses que ça à partager, on vous écoute. » Rougissant comme des enfants piqués sur le vif, je regardais Wade un peu gênée. « oh non, je... je suis seulement venu pour écouter, ça et le café gratuit. » ce qui me fit rire aux éclats laissa les autres sans voix. J'adorais cette spontanéité. Très vite, nous passâmes beaucoup de temps ensemble. Je commençais même à me demander ce qu'il attendait pour m'embrasser. Si lui ne prenait pas les devants pourquoi ne le ferais je, c'était indéniable, notre entente était fusionelle, peut être pas parfaite, ce n'était clairement pas celui qui serait l'amour de ma vie, mais avec lui, je passais du bon temps, loin de me douter qu'il était en réalité mon demi-frère. J'approchais mes lèvres doucement des siennes. « je... je ne peux pas. »
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